Après trois mois

Chers tous - chères toutes,

Le mois de mai est déjà bien entamé et je reviens enfin, auprès de vous, sur l'avril aux douces mais mélancoliques teintes. C'est d'ailleurs pour cette raison que je repoussais le synopsis de cette Newsletter. Je n'avais aucunement l'intention d'écrire sous le coup d'un moral morose, que je savais par ailleurs passager.

Le dernier e-mail envoyé datait de mon retour d'un séminaire de volontaires d'une semaine à Sarajevo. J'en étais revenue ravie. Mais je m'étais surprise à constater combien Elsa et Alex m'avaient manqué. C'est avec eux que je me sentais parmi les mien-ne-s... et non plus comme "différente". Je ne suis pas citadine, n'apprécie pas particulièrement de danser jusqu'au bout de la nuit sur des "hits musicaux" - que je juge de mauvais goût (un peu ça va, mais tous les soirs...)- en buvant des bières à gogo et mes centres d'intérêt semblent trop souvent marginaux. Alors quel plaisir que d'être invitée par les "camarades" à me joindre à une promenade dans la Fruška Gora lors de laquelle nous avons cueilli orties et aspérules -à utiliser en soupe ou en Maitrank (alcool)-.

Le mois d'avril commença fort bien et fut en outre parsemé de sympathiques instants tels que des concerts (Skarbone 14 -groupe belge de Ska- à la Crna Kuća, Jazzik -festival de jazz- à Subotica), des promenades (à vélo hors de Novi Sad avec Elsa, seule à explorer des ruelles proches de mon domicile, dans la Fruška Gora -encore et toujours !-) et d'autres petits bonheurs (une soirée lors de laquelle je me suis adaptée à l'esprit festif d'Iwona -amie volontaire polonaise- et Miguel -volontaire espagnol en SVE en Croatie-, un déjeuner dans la maison de vacances de Jelena dans la Fruška Gora, un barbecue végétalien à la Crna Kuća etc. ).

Vers la fin du mois d'avril, le rythme de Jules Verne prit une autre tournure (d'actualité jusqu'à début juin). Il fallait se préparer pour les représentations théâtrales de fin d'année scolaire et le festival du "Français en fête" de Novi Sad.
Trois pièces sont en train d'être montées : Aladin (les maternelles), L'arbre qui pleure : Pour découvrir la musique de Mozart, de Marlène Jobert (les élémentaires) et Surprise poétique ! (les pré-ados), une pièce qui est le fruit de la fusion d'esprits imaginatifs des jeunes, des volontaires, de Jelena et de Zoki (son mari). Je vous livre la description établie dans le cadre du festival :
"Surprise poétique !
Vous avez soif d'amour ? Vous êtes à la recherche de nouveauté à la télévision ? Ne restez pas vous morfondre chez vous, venez vous joindre au zapping de l'amour dans tous ses états."
Les emplois du temps ont également changé. Je suis principalement de l'après-midi et je prends part à la mise en scène des pièces des élémentaires et des pré-ados. Je m'occupe également encore des cours des adolescents (de moins en moins nombreux par cette approche des examens de fin d'études secondaires) et d'un cours particulier d'un élémentaire qui ne participe pas au théâtre. Ce cours m'amène à prendre conscience du ravissement qui s'empare de moi alors que j'enseigne le FLE associé à la lecture-écriture. Il me suffit de ce temps d'enseignement pour retrouver le sourire.
Ce mois théâtral si appréhendé par tou-te-s les volontaires s'avère agréable. Nous avions eu ouï-dire qu'une ambiance tendue s'installerait à Jules Verne, que Jelena se montrerait inabordable et que nous ne serions que des pions à son service. Il n'en est rien. Nous apprécions grandement de nous investir dans ces projets, qui de plus sont vécus dans un esprit de groupe. Le temps presse mais chacun-e continue d'oeuvrer dans la bonne humeur... les pièces seront des réussites, c'est certain !

Pourtant mon moral varia au gré de l'ensoleillement et des intempéries.
Des soucis de santé m'obnubilèrent. Divers médecins furent consultés, des analyses effectuées... pour peu de résultats encore. C'est une histoire inachevée... moi qui d'ordinaire ne vais jamais chez le médecin...
Une petite nostalgie française faisait parfois apparition. Après quelques mois passés en Serbie, une rétrospection réaliste était inévitable : ce que je vivais était-il aussi merveilleux que ce que je souhaitais croire ? Il y avait des zones d'ombre que je passais sous silence, que je me cachais même. Rien de grave. Mais s'en rendre compte en les formulant ne fut pas chose aisée. Et la pluie prenant place dans mon coeur, mon petit ami me manquait...

Le mois de mai est en passe d'atteindre sa seconde moitié. Je tenterai de vous le narrer avec moins de retard.
Un avant-goût ? Mon désir de fuir la ville fut comblé ce week-end par une randonnée de nuit dans le sud-est de la Serbie...
Photos qui seront prochainement postées sur mon blog (peu alimenté dernièrement) :
http://nomd1mouette.canalblog.com/

Vidimo se ! A bientôt !

:-)

Anne-Cécile